Je crois que je n’ai jamais gardé un article à l’état de brouillon aussi longtemps, mais le voila enfin.
Le 25 septembre dernier, le GUSS organisait une après-midi consacrée à la Business Intelligence avec la Wave 15 (ie. Office et SharePoint 2013). Nous avons pu vous y montrer toutes les nouveautés liées au décisionnel, grâce notamment à nos confrères du Club SharePoint (Erol, Serge, Geoffrey et Isabelle).
Vous pouvez trouver les slides sur le site GUSS.fr
Pour ma part, j’ai présenté plus particulièrement Excel 2013, la dernière version qui est passée en RTM (Release To Manufacturing – ie. version finale) il y a 15 jours.
Pour l’instant uniquement disponible aux abonnées TechNet et MSDN, elle sera bientôt disponible pour tout le monde (début 2013).
Sans plus attendre, rentrons dans cet article consacré à Excel.
Les nouveautés d’Excel 2013
Introduction
On le sait, Excel est un outil BI à part entière. En tant que spécialiste de la BI, je pense évidemment au Tableau Croisé Dynamique (TCD) qui pour moi fait d’Excel le meilleur client OLAP pour Analysis Services et à PowerPivot qui permet de construire des modèles dimensionnels très facilement.
Mais je pense aussi à tout ce qui permet de manipuler des données pour les utilisateurs : formules de calcul, graphes, mise en forme conditionnelle, TCD et même le VBA qu’on croise quelquefois.
La version 2013 porte encore plus loin les possibilités offertes aux utilisateurs, tant en richesse, en puissance mais aussi en ergonomie d’usage.
Quick Analysis
Dès qu’on a une table ou un bloc de cellules (range), on a la fonctionnalité de Quick Analysis disponible.
Elle est disponible via un adorner (un petit icône qui se place dans un coin de la sélection).
Cette fonctionnalité permet de mettre en place rapidement une visualisation ou une mise en forme des données sélectionnées pour les analyser facilement.
Quick Analysis offre la création de tableaux croisés dynamiques, des calculs, une mise en forme conditionnelle adaptée ou un graphe représentatif.
On peut également prévisualiser directement un aperçu.
Les propositions de graphes ou de TCD dépendent de vos données mais sont souvent pertinentes.
On notera que le placement et l’usage des options/fonctions tient compte d’un usage tactile en étant plus adapté que dans un menu. J’en reparlerai plus loin.
Slicers
Les slicers (segments en français) ne sont pas une nouveautés. Démocratisés avec PowerPivot v1, ils offrent un excellent moyen de filtrer ou naviguer dans vos données.
On peut faire des tableaux de bord complets grâce à eux mais ils souffraient de quelques limitations.
La principale nouveauté est que l’on peu maintenant mettre un slicer sur n’importe quel jeu de données, sans avoir à créer un TCD ou un modèle PowerPivot.
Un nouveau type de slicer fait aussi son apparition : la Timeline.
Elle permet de filtrer/naviguer dans un champ de type Date (une dimension temps dans un modèle dimensionnel). Encore une fois, cela marche sur une simple table, pas besoin de créer un modèle pour en bénéficier.
A partir de la simple date, la Timeline s’occupe de toute la hiérarchie Année/Trimestre/Mois/Jour.
Enfin, autre nouveauté du côté des Slicers, la gestion des connexions entre Slicers et Données.
Un menu permet de brancher / débrancher les slicers du classeur sur les différentes tables ou TCD. On y accède depuis le menu du slicer (Report Connections) ou du tableau (Filter Connections).
Cela permet de déplacer les slicers dans différentes feuilles du classeur, chose plutôt compliquée à faire avec la précédente version.
Graphes
Il y a pas mal de nouveautés du côté des graphes, outil indispensable à la représentation des données.
Premièrement, les Graphes Croisés Dynamiques ne sont plus liés à un TCD pour fonctionner. Cela permet d’alléger les classeurs.
Deuxièmement, comme pour le Quick Analysis, des icones très accessibles permettent de manipuler très simplement les graphes (mise en forme, ajout d’éléments, trendline, etc.).
Mais la meilleure amélioration sur les graphes est sans conteste la possibilité de naviguer à l’intérieur. En effet, sur une dimension hiérarchique à plusieurs niveaux, on peut “driller” (drill up / drill down) en double cliquant sur les éléments (ou via le ruban).
En revanche cette fonctionnalité n’est disponible que pour les graphes branchés sur des modèles dimensionnels (normal, il faut une hiérarchie).
Enfin, autre amélioration est la proposition de graphe adapté pour vos données. A l’insertion, un menu vous fait des propositions des graphes recommandés en fonction de vos données.
Tableau Croisé Dynamique
Comme je vous le disais, le TCD est pour moi l’outil ultime pour analyser des données. La version 2013 apporte quelques nouveautés.
Comme pour les graphes, Excel nous “recommande” des TCD en fonction de nos données.
D’un premier abord, le tableau croisé dynamique reste classique. Mais on remarque vite dans la fenêtre de configuration (Champs du tableau croisé dynamique) la présence de “More Tables…” (autres tables en français).
Quand on clique dessus, après un message nous indiquant qu’Excel doit créer un nouveau TCD, on voit apparaitre la liste des tables qui se trouvent dans le classeur.
Il est donc possible de croiser des données se trouvant dans des tables distinctes du classeur, chose complètement impossible à faire dans la précédente version.
Toutefois, on se doute bien que le croisement n’est pas si facile. En effet, il faut que le croisement fasse sens et que les données croisées aient un lien.
Mais qu’à cela ne tienne, si vous testez l’ajout d’un champ d’une autre table, vous verrez qu’Excel vous propose de créer l’association à la volée.
Modèle de données
Ce qu’on vient de voir ressemble comme 2 gouttes d’eau à l’utilisation de PowerPivot actuellement… Sauf que là, tout se passe de façon transparente, depuis de simples tables dans Excel.
De quoi apporter les fonctionnalités de PowerPivot à Madame Michu, sans installer PowerPivot.
Je ne vais pas mettre de suspens, c’est bien PowerPivot qu’il y a derrière. Sauf que si on regarde bien, on ne voit pas l’onglet PowerPivot…tout simplement parce que l’addin est présent mais non activé.
Toutes les fonctionnalités d’analyse s’appuient directement sur le moteur de PowerPivot. L’analyse de tables les lie automatiquement dans un modèle de données.
La notion de modèle de données est centrale dans Excel 2013.
D’ailleurs, quand on importe des données, une nouvelle option nous permet de l’importer directement dans le modèle plutôt que dans une table.
PowerPivot
PowerPivot est présent par défaut dans Excel 2013 mais non activé.
Le modèle de données étant maintenant interne à Excel, PowerPivot est devenu une interface pour le configurer.
Sur le schéma ci-dessous, les liens entre le Data Model et PowerPivot.
source : PowerPivotPro.com
Dans les changements mineurs de PowerPivot, on peut noter quelques changements de vocabulaire. On ne parle plus de mesures mais de champs calculés par exemple.
Quick Explore
Le Quick Explore ressemble au Quick Analysis sauf qu’il ne marche que sur les TCD et les graphes branchés sur un Data Model ou sur OLAP.
Le Quick Explore ajoute des fonctionnalités d’analyse intéressantes. Il permet de faire par exemple :
- du Drill To (changement d’axe)
- du Drill Up / Drill Down
- trouver des saisonnalités (Cycle Chart, lié à la dimension Temps)
- trouver des tendances (Trend Chart, lié à la dimension Temps)
UPDATE : dans la RTM, seul le Drill To est disponible
Azure Data Market
Avec la précédente version de PowerPivot, on pouvait charger des Feeds depuis l’Azure Data Market. 2 nouveautés arrivent de ce côté là :
- une fenêtre enrichie pour rechercher des données
- un assistant qui essaye de trouver des données en rapport avec les données déjà dans le modèle
Ce moteur de suggestion rappelle fortement Data Explorer et sa version Excel qui a été présentée l’an dernier au PASS Summit.
Je n’ai pas encore creusé cette fonctionnalité mais je peux déjà dire qu’elle est peu adaptée au marché français étant donné qu’il n’y a pas de fournisseur de données ou de services liés aux données français (avis aux éditeurs amateurs, le marché est ouvert).
Power View
Power View est maintenant directement intégré dans Excel, plus besoin d’une Infrastructure SharePoint pour faire un dashboard.
Il se trouve sous la forme d’un addin, comme l’est PowerPivot.
Une vue Power View correspond à une feuille du classeur Excel.
Niveau restriction, il ne marche que sur le modèle de données du classeur (pas sur un modèle tabulaire, encore moins sur un multidimensionnel).
Au niveau des fonctionnalités, on retrouve le Power View de SQL Server 2012 avec quelques améliorations :
Reporting géographique
Un nouveau composant fait son apparition, une représentation géographique avec une carte branchée sur Bing Maps.
Le point fort de cette représentation, c’est qu’elle marche même sans avoir de type SqlGeography (ie. latitude/longitude).
Le composant fait tout seul le géocoding via les services de Bing Maps. Le service est localisé et est plutôt performant. Avec des données représentant la fréquentation des musées d’Ile de France et leurs adresses non nettoyées, seule une adresse n’a pas été reconnue sur une cinquantaine.
Vous noterez qu’on peut mesurer également sur un autre axe, ici les années, ce qui a pour résultat de transformer la pastille en camembert (pie chart).
En revanche, il n’y a pas de possibilité de faire de rapports avec des Shape Files (fichiers ESRI par exemple).
Pie Chart
On aime, on n’aime pas, mais ils font leur apparition dans Power View.
Les graphes camembert (Pie Chart) sont donc un type de graphe disponible pour vos dashboards.
Ce qui m’a bien plu, c’est la représentation que prend le pie chart quand on sélectionne un élément dans le dashboard, ce qui a pour objectif de faire un focus sur un élément particulier.
Drilldown
On peut maintenant naviguer dans un dashboard Power View à travers une dimension.
Pour cela, on place juste les différents niveaux sur l’axe du graphes. On peut même mettre des attributs de dimensions différentes.
La navigation se fait par double-clic sur la série.
Mise en forme
Tout un lot d’améliorations sur la mise en forme de vos dashboard arrive avec cette version de Power View.
Je ne vais pas faire de liste exhaustive mais on peut citer la prise en charge des statuts de KPI, les images de fond, les liens hypertexte, etc.
Office Apps
Office et SharePoint arrivent avec un Store (magasin d’applications), comme on peut en voir sur Windows Phone ou Windows 8.
Quel rapport avec la BI me direz-vous ? Tout simplement, on va vite voir arriver des applications Office orientées Business Intelligence qui vont enrichir nos tables et nos modèles de données.
D’ailleurs, je notais plus haut le manque de Shape File dans la cartographie Power View. Sachez que dans les quelques applications déjà présentes sur le Store se trouve une application de cartographie (certes limitée aux états US ).
Modèle objet PowerPivot
En parlant programmation, une limitation de PowerPivot était qu’on n’avait nul part accès au modèle objet.
C’est corrigé avec cette nouvelle version puisqu’on peut maintenant accéder au DataModel OM (DataModel Object Model) depuis du code VBA.
Nous allons pouvoir enfin automatiser certaines actions comme, entre autres, rafraichir le modèle depuis une macro.
Excel Services
Je ne vais pas être dythirambique sur Excel Services, tout simplement parce que toutes ces nouveautés sont supportées dans Excel Services 2013. Ni plus, ni moins.
Office 365
Je n’ai pas du tout testé mais Office 365 (la prochaine mise à jour correspondant à SharePoint 2013) devrait offrir toutes ces fonctionnalités également.
Enfin PowerPivot, Power View dans le Cloud, ce qui va mettre la BI personnelle et d’équipe à la portée de tous les clients de l’offre online d’Office de Microsoft.
Conclusion
En conclusion, on peut être satisfait devant tant de fonctionnalités orientées Business Intelligence dans Excel.
La démocratisation de la Business Intelligence continue son avancée avec les outils Microsoft. Sans pour autant transformer la ménagère de moins de 50 ans en Business Analyst, on voit que de plus en plus de personnes vont pouvoir exploiter rapidement et simplement des données avec cette nouvelle version.
On retrouve des fonctionnalités très riches à portée de main, fonctionnalités que l’on a l’habitude de trouver dans des outils Premium comme Performance Point, je pense au Drill To (changement d’axe) dans un graphe ou dans un TCD.
On voit également que les outils analysent eux mêmes vos données pour en déduire des analyses prédéfinies ou vous proposer des données associées. On n’est loin du Data Mining mais on sent bien que des outils aussi simples qu’Excel commencent déjà à nous assister dans la compréhension de nos données.
Sans nul doute la direction est bonne et j’ai hâte de voir ce qui va arriver après .
« PowerPivot, Power View dans le Cloud » : intéressant !
Avez-vous plus d’information concernant le fait de pouvoir mettre dans le « cloud » des fichiers EXCEL 2013, comportant un modèle de données Powerpivot et des rapports powerview, et accessibles aux utilisateurs via un navigateur web ? Possible avec Office 365 ? Autre ?
Merci pour votre réponse.
Le déploiement de SharePoint 2013 sur O365 commencera progressivement à partir de novembre…mais aucune information supplémentaire sur l’ordre de mise à jour.
Merci pour le détail JP 🙂
Bel article très complet
Salut jp,
Petit correctif ou pas… Sur la Preview d’Excel 2013, il était possible de brancher un report Power View sur un cube tabulaire. il suffisait de se monter une connexion AS Tabular et de cocher, dans la fenêtre import data, le radio button Power View Report.
J’espère que cette fonctionnalité est conservée dans la rtm.:-$
Au passage, merci pour la qualité de tes articles.
Je n’ai pas souvenir que ça marchait sur la Preview mais j’ai peut-être zappé une manip.
En tout cas, ça ne marche pas dans le RTM 😦
Quelques clarifications
https://blog.djeepy1.net/2012/11/09/power-view-et-ssasclarifications/